Allgro est une PME familiale spécialisée dans le traitement des fruits et légumes. Pour diverses raisons, la direction de l’entreprise installée à Sint-Lievens-Houtem, a décidé d’investir dans une installation d'épuration offrant la possibilité de réutiliser l’eau grise.
Stockage des eaux usées
« Allgro est active dans une région où le système d’égouttage public n’est pas encore séparé », explique Piet De Langhe, directeur de Pantarein. « L’entreprise est obligée d’investir dans un réservoir tampon pour le stockage de ses eaux usées, stockage nécessaire en période de fortes pluies pour éviter la saturation du réseau d’égouttage public. Pour rendre ce type d’investissement plus intéressant (Note de la rédaction : un investissement qui n’évite pas le paiement des taxes sur les rejets d’eau), les entreprises ont plutôt intérêt à s’équiper de leur propre station d’épuration. Pour sa part, l’entreprise de traitement des fruits et légumes a estimé qu’elle ferait preuve également de responsabilité sociétale en ajoutant un système de récupération de l’eau. »
Conjointement avec Paas Food Industries (Maasmechelen), Vito et Pantarein, l’entreprise a déposé auprès de Vlakwa un projet Open Call visant à faire étudier les possibilités d’une station d’épuration avec réutilisation de l’eau. « Dans le cadre de ce projet, nous avons réalisé des essais à intervalle régulier pendant l’année 2017. Au vu des résultats positifs, la décision d’investir a été prise par les responsables d’Allgro. »
Double capacité de production
Avoir sa propre station d’épuration peut apporter une valeur ajoutée significative, d’autant plus dans une l’entreprise qui envisage de doubler sa capacité de production. « Cet équipement lui permet de réutiliser jusqu’à 70% de l’eau traitée », poursuit Piet De Langhe. « De plus, la nouvelle approche est une solution valable pour la production, jadis complexe, de l’eau industrielle par prélèvement dans la nappe souterraine. L’installation, en service dès septembre, a une capacité de 180 m³ par jour. Le volume n’est pas énorme en soi, mais il montre que cela vaut la peine, même dans ce cas, d’investir dans un système de réutilisation de l’eau. Normalement, le retour sur investissement est de cinq à sept ans. »
Puisqu’il s’agit en l’occurrence d’eau grise froide, Pantarein a opté pour une épuration aérobie sur la base d’une filtration par membrane qui sépare la boue de l’eau. Ensuite, l’eau est épurée via une osmose inverse, pour éliminer les sels et le reste de la demande chimique en oxygène. « Il faut saluer la décision de la VMM (agence flamande de l’environnement) d’autoriser, dans un climat de confiance mutuelle, la possibilité de rejeter le concentrat s’il n’a pas d’impact sur le cours d’eau récepteur. »
La désinfection du perméat est réalisée au dioxyde de chlore. De cette manière, il est réutilisable dans les procédés de production. Allgro a financé le projet, mais Pantarein est en mesure de proposer des possibilités de financement. « Ainsi, le client récolte tout de suite les fruits de la nouvelle approche. Nous pouvons également nous charger de la gestion de ces installations largement automatisées, par monitoring continu à distance, prélèvements d’échantillons et analyses d’eau. »
Contrat d’exploitation pour Boortmalt
Boortmalt s’est adressée à Pantarein pour l’extension de la station d’épuration existante (150 m³/h) au moyen d’une filtration par membrane. « Et une nouvelle ligne de traitement des boues. De plus, tout est prévu à terme pour la réutilisation de l’eau. Via un contrat d’exploitation, nous réalisons le suivi opérationnel de l’installation. Cela nous permet, avec la participation du client, d’innover et optimaliser le système pour réduire autant que possible les coûts d’exploitation. Par exemple, en ajoutant un système de commande intelligent, avec monitoring en ligne et mise en oeuvre de technologies avancées. La concertation avec le client-utilisateur donne une vue dynamique sur le fonctionnement. La décision d’opter pour une filtration par membrane supprime les travaux de chantier; la bonne qualité de l’eau est garantie, et la malterie pourra envisager comme souhaité d’augmenter rapidement sa capacité de production de 33 pour cent. »
Grande surface portante
Pendant longtemps, évoquer une possible réutilisation de l’eau dans l'industrie alimentaire faisait hausser les sourcils, mais il ne s’agit plus d’un sujet tabou. « En Belgique également, les étés sont toujours plus secs, l’eau devenant une denrée rare, sa réutilisation devient toujours plus intéressante. Si des entreprises continuent à hésiter, les pionniers ont compris que la technologie apporte des nouvelles possibilités. Le cadre législatif évolue également dans ce sens, grâce à des instances comme la VMM et l’AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire). »